retour Ballade pour un porc- épic

Au début des vacances de Pâques 1976, une bonne équipe part de Brazzaville pour rejoindre Makoua petite ville au nord à cheval sur l’équateur.

-      Roger le copain de popote et Faustin son ami congolais en mobylette.

-      Jean Pierre et Michèle sur une Yamaha 125 trial bleue

-      Dominique et Marie Jo sur une Yamaha 125 trial rouge

-      Claude et ma pomme en mobylette.

Au moment de partir, le porte bagage de Dominique a cédé. Avec Jean Pierre, ils vont le faire ressouder. Nous prenons donc un peu d’avance avec Claude, Roger et Faustin.
Nous chargeons les 35 pains dans un grand sac de toile que Claude accroche  sur le réservoir d’essence. J’en garde quelques-uns pour l’arrêt buffet.
Les passants nous regardent passer, amusés, nos mobylettes disparaissant sous les réservoirs d’essence, des sacs, duvets et filet à papillons.
Voilà c’est parti. Oh bien sûr ce n’était pas la grande aventure au fin fond de la forêt primaire, mais quand même Brazzaville-Makoua par les pistes on ne fait pas tous les jours !
Plus de 600 kms sans infrastructure, peut-être sans essence (comment reviendrons-nous ?), peut-être sans eau potable (nous avons emmenés des pastilles à cet effet),
et les animaux sauvages, et si il y a un accident, et si une mobylette tombe en panne

iti porc épic

L’itinéraire est simple : la route du Nord jusqu’à NGO, la route pour Djambala, retour à Ngo pour monter vers Makoua.
Nous voilà filant à 50 km/h sur le goudron. Nous dépassons le panneau « Route Nationale N°2 » et en nous retournant nous apercevons KINSHASSA au loin de l’autre côté du fleuve Congo.
Km 15 : Massengo le sculpteur sur bois, cela fait partie des balades  du dimanche après-midi.
Km 20 : Tiens c’est Roger le copain de popote et Faustin son ami congolais : déjà en panne !
Nous nous arrêtons, Roger est de mauvaise humeur : Voilà ce que c’est dit-il, Faustin a démonté le moteur hier soir et il l’a remonté à la lampe à pétrole, alors maintenant il ne fonctionne plus !
Comme nous ne pouvons rien pour eux, nous repartons, non sans avoir jeté un coup d’œil sur le barda entassé sur leurs mobylettes : canne à pêche, fusil, coupe-coupe, un sac énorme de boîtes de conserve, un porte-bagages sur le devant pour des litres d’huile et de vinaigre….
Et nous continuons notre route. Les herbes commencent à défiler ; cela monte dur jusqu’au Km 45 et les mobylettes peinent.
Km 45 : Arrêt : nous allons attendre les autres. Au bout d’un quart d’heure, les deux Yamaha arrivent superbes sur leurs chromes, bien chargés eux aussi.

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Déjeuner rapide sur le pouce. Au moment de démarrer, Roger et Faustin qui arrivent.  Roger du moins car Faustin est en bas de la côte (je me demande si Roger ne va pas renoncer).
Hop ! En selle et les 4 engins (qui occupent toute la route) foncent dans l’air tiède de cette après-midi de dimanche. De toute façon, nous avons du goudron jusqu’à Léfini (180 kms).
Pas de problème majeur pour aujourd’hui.
Km 105 : Odziba, petit village où nous prenons de l’essence et quelques bières.
Km 114 : Ma mobylette s’arrête avec un bruit bizarre. Aïe ! Aïe ! Les ennuis commencent. Jean Pierre s’arrête et écoute 20 secondes. Diagnostic : C’est le carburateur qui est desserré. C’est une bonne chose d’avoir un gars doué en mécanique. Il est prof dans mon lycée. Avec un des vieux ordinateurs il a fabriqué des modules pour enseigner les automatismes.
Nous sortons la boîte à outils et en quart d’heure c’est fait et nous repartons. La route est droite, plate et nous ne voyons rien car de grandes herbes (matitis) bordent la route. Nous roulons, c’est tout.

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Les villages changent pourtant : plus ordonnés avec de petites haies d’arbustes pour limiter les parcelles. Les toits ondulés deviennent rares, c’est du chaume.
Quelques maisons sont en construction et nous voyons les piquets fichés dans le sol entre lesquels les futurs habitants viendront placer de la terre « pote-pote ». Lees plus riches mettront des briques ou des parpaings.

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Le jour baisse (c’est très rapide à proximité de l’équateur) et l’air commence à devenir frais. Arrêt pour enfiler un pull et le K-WAY. Un village  Inoni et tout change : la route se rétrécit et devient sinueuse et descend fortement. Quelques bosquets et une grande plaine se dessine devant nous. Les matitis ondulent comme les prés avant la moisson, des collines ferment l’horizon. La lumière douce du soir nuance les contours, le paysage semble flou, un peu irréel.
Les alentours de Brazzaville sont si « quelconque ». C’est bien simple, nous sommes ravis et la fatigue aidant nous nous laissons porter par l’atmosphère. Quelques kilomètres encore et c’est l’arrêt pour attendre le bac. Les motos qui étaient restées à l’arrière nous rejoignent.
Pour traverser les rivières, les congolais ont mis en place des bacs ; un câble tendu entre les rives et c’est le courant qui pousse le bac. Ingénieux système.  Nous traversons doncet continuons à rouler jusqu’à Etsouali . Un petit congolais nous dit qu’il n’y a pas de case de passage car l’instituteur est parti à Brazzaville. Nous nous installons dans une salle de classe. Le sol est de la terre battue ; nous allons donc couper des herbes afin de faire une litière. Ce sera plus confortable. Nous allumons une lampe à pétrole et des serpentins chinois pour éloigner les moustiques.
Diner : soupe, cassoulet et fromage. Puis c’est un tarot à 6. Celui qui distribue ne joue pas.
Mais nous sommes fatigués et demain les choses sérieuses commencent.

Nous sommes réveillés de bonne heure et il faut, après le déjeuner, recharger les mobylettes. Nous faisons le plein d’essence et d’eau. Prochaine étape NGO dans 50 kms. Dès le départ nous comprenons que cela ne va pas être du gâteau : il a plu et la piste est un bourbier. Il faut poser le pied à terre et marcher au pas mais cela glisse… Un nouveau bourbier, mes pataugas sont pleines de boue, et une chute une ! Je cherche un endroit pour redémarrer. Jean Pierre s’est arrêté. Vous devriez démonter les garde-boue. Il a raison. Une demi-heure après nous repartons.
A midi nous arrivons épuisés à NGO et nous nous installons à la terrasse d’un restaurant. Au menu : Porc épic !

Mon carnet de voyage s’arrête là. Dommage !

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