retourDe Brazzaville (Congo)  à Douala (Cameroun), 4300 kms par les moyens du bord.                                                          

                                                                                Carnet de voyage de Christian Auvinet

     Seconde partie:   Après une semaine dans le nord du Congo, notre projet est de rentrer en France par les moyens du bord                                       .

Les prix sont en francs CFA, la monnaie africaine datant de la colonisation         1 Franc CFA = 0.02 Franc français


Vendredi 1 juillet: Lever à 5h 30.

   Nous traversons OUESSO plongée dans l’obscurité. La ville est silencieuse et des ombres se glissent ici et là. Nous posons notre barda devant le poste de police et attendons. Le bateau doit faire le plein de provisions avant de partir. Le fonctionnaire arrive vers 7h 30. Il est complètement borné. Je commence à m’énerver et Monique répète pour la nième fois que c’est à OUESSO que l’on sort du Congo et non à laéroport de BRAZZAVILLE. Cela nous coûte une demi-heure de palabres et nous avons juste le temps d’embarquer avant que le pousseur ne démarre.


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Il emmène 6 ou 7 Mamas avec leurs paquets. Notre statut à bord : passagers clandestins ! Cent mètres après notre départ : Arrêt : la femme du capitaine avait oublié de prendre le pétrole. En fait, c’est un omnibus et nous nous arrêtons tout le temps. Le pousseur –à fond plat- peut s’échouer sur les berges afin de déposer une Mama, remorquer une pirogue, acheter du poisson séché, dire bonjour à un ami…

Tous les passagers paient : 200F, 300F, du poisson séché ; Pour nous c’est 3000 F par tête et on ne discute pas. D’ailleurs, sur le carnet de recettes un équipier écrit : 3000F + 3000 F = 6000F !
   Lors des arrêts, les hommes descendent et les femmes sont confinées dans leurs cabines. Le bateau n’est ni ancré ni attaché à quoi que ce soit. Il pourrait partir à la dérive, ou nous pourrions l’emprunter et continuer notre voyage...Les eaux sont très basses et il y a de nombreux bancs de sable, un équipier sonde la rivière à l’avant : la perche indique 1.5 m pour un tirant d’eau de 1m…Il y a quand même un balisage sommaire : -> pour suivre la berge ; = pour s’en rapprocher et s’en éloigner aussitôt. Nous arrivons le soir au chantier de KABO, et pour la seconde fois Mr Saur nous héberge.

Samedi 2 juillet :   réveil à 5h 15

    Notre capitaine, que j’ai baptisé « capitaine tue-mouches » frappe d’un coup sec et précis les mouches importunes, il nous amuse beaucoup. Il nous montre le spécimen TSE-TSE.
C’est la routine : Echouage sur un banc de sable, arrêt dans un village pour acheter de la viande séchée. Il y a de belles cornes d’antilope mais faute de place…
  L’après-midi est très longue : nous commençons à lire un bouquin « Les  Soleils des indépendances ». Nous grignotons : sandwiches, bananes et ananas. La Sangha est très large et lisse comme un lac.    Le reflet des nuages dans l’eau sur un fleuve au soleil couchant donnera sûrement de belles photos.
  Nous apercevons un campement de chasse Pygmée avec des cases en demi-cercle. A la nuit tombée, nous arrivons à BELLA. Qu’allons-nous y trouver ?
  Les lumières d’un campement européen sont là. Nous nous approchons et frappons timidement à une porte. Un couple, un enfant et deux hommes sont là pour l’apéritif.
   Très simplement, ils nous offrent de rester et nous dînons avec eux. Il y a le chef de chantier, sa femme et son fils ainsi que deux acheteurs : un Danois qui parle très bien français et un allemand qui ne dit pas un mot. Il est convenu que, le lendemain, il nous emmène à BAYANGA en République Centrafricaine. Ce voyage nous aura montré, entre autre, ce qu’est vraiment l’hospitalité.

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Dimanche 3 juillet:  Lever vers 6h    Il y a taxi-brousse et taxi-brousse.

Après une promenade nous déjeunons sur la terrasse. Nous allons rejoindre LIJOMBO avec le pousseur. Le chef de chantier doit préparer un radeau avec des billes de faible diamètre quand le pousseur redescendra. Mr Deveille, directeur du chantier ainsi que les acheteurs étrangers nous accompagnent.
A LIDJOMBO, il y a une très importante plantation de café, avec une pépinière. Nous prenons une DATSUN de la société forestière et nous partons pour BAYANGA distant de 34 kms. Nous longeons des plantations de caféiers. A notre grande surprise, nous voyons de nombreux campements Pygmées en forme d’igloos, construits à l’aide de grandes tiges et recouverts de feuilles séchées. A côté de cases Bantoues en terre séchée avec des murs droits, cela fait un peu bidonville…
   Arrivés à BAYANGA nous trainons un peu ; des forestiers yougoslaves nous offrent un café. Nous prenons congé des acheteurs de bois et nous allons nous présenter aux autorités. L’officier est sympathique mais il n’a même pas un tampon à apposer à notre visa !

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   Il y a une opportunité pour NOLA l’après-midi et nous décidons d’attendre. Promenade dans le village. Les maisons sont construites en bois, cela donne à l’ensemble l’aspect d’un village des pionniers du Far-West. Partout le manioc et le maïs sèchent au soleil. Monique marche sur ma paire de lunettes de soleil et je retrouve l’autre paire cassée dans mon sac. Quelle journée ! Alors je vais m’en acheter une troisième. L’attente du véhicule est très longue et nous nous installons chez le commissaire du lieu.  Enfin vers 16h nous montons à l’avant d’un Land Rover avec le chauffeur (qui est aussi receveur des Postes) et le fusil pour les gorilles et les éléphants.
 
Quel chargement : un potamochère (gros sanglier), une antilope, un singe, huit passagers et leurs bagages ! Comme il n’y a pas de démarreur, les hommes doivent pousser le véhicule. Il n’y a plus de bouton pour le klaxon mais simplement 2 fils électrique dénudés !

   La transmission vibre et le conducteur roule très vite, nous ne sommes pas rassurés...Arrêt dans un village : un jeune, d’un ton désagréable nous demande 4000 CFA pour le transport, et 1000 CFA pour les bagages. Nous tiquons car le chauffeur nous avait dit 4000 F en tout. Le gars nous menace de descendre nos bagages. Il y a une discussion animée entre le chauffeur et un passager qui ne veut pas pousser le pick-up après chaque arrêt. Le chauffeur se fâche et dit que cette piste est mauvaise et qu’il casse son véhicule qui vaut 3.5 Millions de CFA. Dans l’état où il est, il confond millions et milliers de CFA !
   Nous sommes déçus par les centrafricains, ils deviennent vite hargneux. Avec les Congolais, cela se terminait toujours avec le sourire. Le véhicule repart. La piste qui s’enfonce dans la forêt n’est pas entretenue ; des branchages fouettent la voiture, le conducteur doit éviter des troncs d’arbre. Il a plu et la latérite est devenue boueuse. Au premier bourbier, le Land Rover se plante et ne peux plus avancer. Les hommes doivent pousser. Nous restons douillettement dans la cabine. Aux bourbiers suivants, le conducteur met le réducteur sans arrêter le véhicule ! Crac crac,  la boite grogne de toutes ses dents.
   Tout à coup la voiture s’arrête : cri du cœur : Il y a de l’eau sur le delco !  Diagnostic super rapide. Le mécanicien répare en 10 minutes et nous repartons. Nouvel arrêt : même cirque. Nous descendons et allons regarder les singes faire leurs acrobaties. Un homme part avec un fusil. Nous apercevons un gros singe noir qui me paraît énorme. On nous dit que c’est un chimpanzé. Un coup de feu part. Quelques minutes après le « chasseur » revient bredouille. Au Congo dans la Sangha 1 coup de feu = 1 bête.

   La nuit ne va pas tarder (le passage du jour à la nuit près de l’équateur est très rapide) nous ne sommes pas arrivés ! Enfin nous repartons. La nuit survient. Nouvelle panne ; le mécanicien nous emprunte notre lampe torche. La langue vernaculaire est truffée de mots techniques en anglais et en français. Une bonne demi-heure plus tard nous repartons …. pour 20 m. La roue arrière est à plat, la valve est défectueuse. Un homme pompe. Le mécanicien démonte le carburateur : il est plein de terre, tout est bloqué. Il le fait remarquer au conducteur qui hausse les épaules. Il bricolera encore l’allumage et refermera le capot.
  L’homme pompe toujours…Enfin nous repartons …pour 600m. Des cris à l’arrière (la voiture faisait des zig- zag) une jante  est fendue, il faut changer la roue. La roue de secours est dégonflée. Et l’homme se mit à pomper. Et nous repartons … pour 5kms  une roue arrière dégonflée fait « flop flop »... La roue, dont la jante est fendue est remise.
Les passagers sont assez spéciaux : un homme nous montre une carte et sa boussole et essaie de nous indiquer notre position mais visiblement il ne sait pas lire une carte ! Un autre a une grosse torche, mais ne veux pas la prêter, parce qu’elle est à lui !
   Avec la pluie, une Mama et son enfant rentreront avec nous dans la cabine. Son mari gardera l’imperméable pour lui, et ses enfants resteront tête nue. C’est comme pour pousser : 3 hommes poussent et les autres restent dans la benne.
    Bon, nous repartons mais comme le pneu  fuit toujours, il faut s’arrêter tous les 5 kms pour la regonfler. A un arrêt, l’homme en a assez de pomper, nous repartirons avec le pneu à moitié gonflé  et bien sûr, au bout de quelques kilomètres la voiture s’arrête : le pneu est tout chiffonné, hors d’usage. Nous sommes au carrefour NOLA (10kms)-BERBERATI (116 kms) 
   Il est 11h 30. Deux hommes partent vers NOLA à pied. Le pneu endommagé est bourré de feuillages et nous repartons quand même. Au bout de 5kms, panne d’essence ! Le conducteur nous explique (nous nous y attendions) qu’il faut continuer

  Chargé de notre barda (2 sacs chacun) nous trottons avec 2 hommes vers la ville promise que nous atteignons à Minuit 40.
   L’oncle d’un des 2 hommes nous héberge ; heureusement il habite à l’entrée de la ville. Nous nous installons dans le coin de la pièce principale, sur la terre battue. Avec les moustiques qui bourdonnent et les poux du potamochère qui s’étaient réfugiés dans nos couvertures, il faut subir les palabres à haute voix des hommes, surtout un ex militaire de de l’armée française qui a un ton particulièrement élevé. Quelle journée !


Berberati Maroua Yaounde
femme aux boucles d'oreille

Lundi 4 juillet:

    Nous avons mal dormi. L’ex militaire de l’armée française nous fait comprendre qu’il faut donner quelque chose à son oncle qui nous a hébergés, le chameau, pour un coin de terre battu !
Il faut aller au commissariat pour faire viser notre passeport. Le fonctionnaire de police, après avoir analysé soigneusement la situation nous met … un second visa d’entrée ! Nous trouvons un Haoussa (personne qui parle la langue haoussa, langue tchadique parlée en Afrique de l’Ouest) qui va à BERBERATI. Nous démarrons presqu’à l’heure : 12h 30 pour 12h. Seulement voilà : tout au long du voyage, il fait son commerce : veux-tu mon savon, ma belle montre, de l’huile…
   A mesure que sa Toyota se vidait de ses cartons, il prenait des passagers. A chaque arrêt nous assistons au lavage des pieds avec la sempiternelle bouilloire. Il y avait aussi les prières. La belle piste de 80 m  de large nous laisse voir de temps à autre des villages Pygmées .Nous nous arrêtons une fois pour acheter des épis de maïs 5 CFA l’unité. Il faut en vendre pour se payer le voyage ! Arrivé à BERBERATI, après un bon kilomètre à pied, nous arrivons au « Relais du routier » tenu par deux plantureuse portugaises avec les enfants du même acabit.
 

Mardi 5 juillet :  Grasse matinée

Nous traînons en ville à la recherche d’une occasion pour CARNOT ou BOUAR et nos pas nous amènent vers la sortie de la ville : il faudra faire du « stop ».
   Sur un marché nous voyons un broyeur mécanique à foufou (Le foufou est une pâte , réalisée à partir de farines pilées et bouillies. C’est l’aliment de base de la population ). L’Afrique est en marche pour l’industrialisation (enfin elle se presse lentement). Monique fait un peu de lessive et nous allons au commissariat, qui nous fait un troisième tampon ! A ce train-là le passeport sera rapidement complet. Un  car « Air ligne » est là, nous le prendrons demain pour BAORO, ce qui fera une étape de 165 kms.

Mercredi 6 juillet :

   Lever aux aurores après une nuit épique : nous sommes réveillés dans la nuit par un drôle de bruit ; j’allume ma lampe torche : Oh! Un gros rat sur la table de nuit qui grignote un morceau de pain ! Impossible de se rendormir car nous guettons le moindre bruit. Plusieurs fois nous allumerons et nous verrons cette infâme bestiole. Nous plions notre barda et nous partons à l’arrêt du car. De nombreuses personnes sont déjà là avec armes et bagages. Et il en arrive encore, plus de cent personnes sûrement.
  Deux cars arrivent et ils paraissent minuscules ! C’est l’assaut et tout le monde veut rentrer en même temps par 2 portes étroites. Nous hésitons entre les 2 cars interrogeant à droite et à gauche pour avoir un conseil. Il faut se lancer et nous poussons pour monter et nous frayer un chemin jusqu’au milieu du car.
   C’est pire que le métro aux heures de pointe ! Il y a un bon nombre de personnes qui ne partiront pas. Et puis c’est le chargement du toit : des bagages, une brouette, des sacs de farine, des poules et un mouton !

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les femmes de tête

Cahin-caha c’est le départ. Nous sommes debout sans avoir de quoi bouger nos pieds. A la sortie de la ville : arrêt et les passagers commencent à descendre ; nous suivons. Au bout d’un moment, sans que  personne ne donne d’explications, nous remontons. Cent mètres plus loin : un bourbier : il faut descendre pour que le car passe à vide. La route est longue et monotone, c’est une savane arbustive. Les passagers, par moment bavardent, et c’est une joyeuse cacophonie. Deux adolescents s’interpellent entre l’avant et l’arrière, à la manière d’animateurs radio. Il fait très chaud, nous sentons la fatigue. Je récupère un bout de banc et je fais une petite sieste.  Nous nous arrêtons à Carnot, fort joli ville avec ses cases en terre cuite et ses toits de chaume. Nous nous désaltérons avec des « Top orange » bien frais.

A un arrêt « contrôle de police », nous croisons un routard, un allemand sans doute abasourdi par les conditions de transport. Enfin vers 16h nous arrivons à BAORO, carrefour vers BANGUI ou BOUAR. Nous nous installons à l’ombre, avec d’autres voyageurs en attendant une occasion. En une heure, pas une seule voiture. Je joue quelques airs de flûte, ce qui a la magie de faire apparaître un gros camion. Tout le monde se précipite. Le conducteur (antipathique) nous dit que c’est 800 CFA  pour BOUAR et qu’il nous dépose à quelques kilomètres du centre- ville (le transport des passagers sur les camions est interdit). Nous discutons un bon moment et nous tombons d’accord pour 650 CFA. Monique a droit à la cabine, mais ma pomme doit monter sur le chargement. Je contemple bientôt un magnifique ciel étoilé avec la Croix du Sud bien visible. Nous bénéficierons du régime de faveur car le camionneur nous emmènera jusqu’au centre-ville, alors qu’il laissera les autres passagers en pleine brousse. Fatigués, nous devons faire le tour de la ville pour trouver un logement. Nous  atterrissons chez des sœurs. Elles ressemblent plus à de vieilles filles bourgeoises qu’à des missionnaires.

Elles nous ouvrent la salle de jeux et nous offrent 2 nattes en nous faisant comprendre qu’une mission n’est pas un hôtel. Nous dînons de quelques boîtes et de noix en guettant le pas du veilleur de nuit qui n’a pas été prévenu de notre présence.

 

 

Jeudi 7 juillet:

  Nous laissons une paire de bottes et un pagne aux sœurs et nous gagnons le centre-ville. Pendant que je repère un endroit où l’on sert du café, Monique fait connaissance avec un routard français Guy. Il doit prendre un camion pour YAOUNDE via GAROUA-BOULAI, frontière avec le Cameroun et nous allons l’imiter. Nous nous installons donc sur la bâche avec Guy ainsi que d’autres passagers. C’est très confortable : l’on peut s’étendre, se déplacer d’un bout à l’autre et j’en profite pour étendre mes jeans qui n’ont pas eu le temps de sécher à BERBERATI.  Guy me raconte qu’il est parti des Vosges le 2 Décembre. Il a traversé le Maroc jusqu’à TAMANRASSET puis le Sahara et le Cameroun. Il est descendu au Gabon où il a travaillé un peu et remonte par le Cameroun. Il n’a pas de projet fixe, il pense continuer à faire la route, probablement vers l’Amérique latine.

  Le paysage devient vert et vallonné. Les villages deviennent plus ordonnés : les maisons, séparées  avec de petites haies, sont blanchies. Les toits sont en chaume. Au Congo, les toits étaient couverts de nattes en raphia. Une jeune fille monte avec des sacs d’arachide. Elle me fait penser à un petit chaperon rouge africaine, probablement qu’elle va les vendre au marché. Elle nous en offre une poignée à chacun. Les hommes vont lui en chiper derrière son dos, elle aura bien du mal à garder son précieux capital. Une belle pintade traverse au ras de  terre derrière le camion.

  Monique nous rejoint sur la bâche : elle en a assez de recevoir le levier de vitesse dans les genoux, elle va avoir des bleus dit-elle. Nous passons une région montagneuse avec de beaux à-pics. Cela rappelle les Vosges natales de Guy. Le camion a beaucoup de mal et, à certains moments nous nous demandons s’il ne va pas chavirer. Un passager, se cramponnant aux ridelles, est mort de peur. Au passage de la frontière camerounaise nous croisons deux anglais super équipés, habillés comme des Lords.


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  Nous arrivons à GAROUA-BOULAI vers 19h. Nous déjeunons avec Guy dans un petit  restaurant local : de la viande sauce avec du riz. Guy  en rêvait depuis plusieurs jours. Il nous précise qu’il dépense en moyenne 250 F par mois. Nous allons coucher sur le camion. L’ « apprenti » chargé de placer une cale derrière la roue à chaque arrêt, place 2 piquets pour soulever la bâche et nous offrir ainsi une tente. Se coucher sur des sacs de café est bien plus confortable que sur la terre battue !
  Le Cameroun est bien plus développé que le Congo ou la Centrafrique, cela se sent par une certaine agitation et la densité des constructions. On y trouve de nombreux restaurants et toutes sortes de camions : des petites fourgonnettes aux semi-remorques.

Vendredi 8 juillet :   Une étape de 166 kms

  Je dois me lever cette nuit-là : je ne digère pas la sauce du dîner. Je serais d’ailleurs mal fichu toute la journée. Le chauffeur voulait nous faire payer 7000 CFA au lieu des 3000 convenus mais, comme il n’était pas là au moment du départ, nous donnons 3000 à l’autre chauffeur.
  Nous allons prendre un taxi-brousse pour N’GAOUNDERE afin de visiter une réserve dans le Nord. Nous disons au revoir à Guy qui lui, continue vers YAOUNDE.
  Nous prenons une camionnette SAVIEM baptisée « l’aigle du Nord » dédaignant « L’homme propose Dieu dispose », et autre « Puisqu’il n’oublie personne ». Nous nous installons sur une des 3 banquettes en long très étroites. Le taxi fait le tour de la ville pour ramasser des clients. La route est bien longue avec des arrêts continuels pour prendre des villageois et les débarquer. A un arrêt nous allons acheter un Top orange mais en revenant, le taxi a déjà démarré et nous l’attrapons de justesse. Une petite pluie fine nous rafraîchit et avec ce paysage vert et vallonné on pourrait se croire en Irlande. La route serpente entre des dômes, caractéristique d’une région volcanique. Les villageois avec leurs boubous et leurs pagnes vivement colorés contrastent dans cette verdure.

Nous arrivons à N’GAOUNDERE sous la pluie et nous suivons le premier gamin qui nous emmène à l’hôtel des Plateaux pour 3000 CFA la nuit. Monique fait un peu de toilette et va faire quelques courses. Moi je me couche et je dors 14h d’affilé. La fatigue du voyage se fait sentir.

Samedi 9 juillet:   visite de N’GAOUNDERE

  Nous allons au marché pour le petit déjeuner. Un Papa nous installe dans sa salle à manger : café et pain margarine. Nous louons une mobylette et nous allons à l’office de tourisme.
  Pour la location d’une voiture c’est 6000 CFA +50 CFA du km : très cher. Pour un nouvel hébergement nous  allons voir un hôtel en plein quartier africain mais c’est une boîte de nuit plutôt mal famée ; c’est dommage car le quartier s’appelle « Joli soir ».
  Pour le déjeuner c’est salade complète avec leur sauce que nous ne digérons pas. Nous faisons connaissance d’une « vedette » Ibrahima Aboubacar, un gamin d’une dizaine d’années très éveillé. Il nous montre un magazine où il côtoie une équipe de télévision dans une émission de  Jacques Chancel. Ibrahima nous fait rentrer dans des cases rondes : du gravillon par terre avec quelques peaux, un endroit pour la prière délimité par une bordure en ciment.
   Nous visitons également la maison d’un grand juge qui, pour quelques pièces nous ouvre les cases de ses  5 femmes. Elles sont disposées dans un petit jardin avec des haies de maïs.  L’une des cases a plus de 50 ans. Ibrahima nous montre également des peintures murales et nous allons voir les forgerons. Ils récupèrent des pièces d’automobiles et les travaillent  pour faire des outils : couteaux, lames, des houes plus incurvées qu’au Congo.
 La forge rudimentaire est alimentée au charbon de bois et un enfant manipule les soufflets constitués de 2 hottes en peaux.
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  Pour l’après-midi nous louons 2 mobylettes. Ibrahima monte sur la mienne Nous allons voir le lac Tison à 9 kms. Lac volcanique entouré d’arbres, l’endroit est joli pour un pique-nique et idéal pour la baignade. Sur le retour ma mobylette tombe en panne ; je dois la pousser, la route monte et bientôt il pleut. Monique est partie devant avec Ibrahima. Je dépasse un villageois qui a du mal à tirer sa remorque surchargée de bois. Je me dis que mes misères sont bien peu de choses…

  Le soir nous faisons connaissance de François le Hollandais et de Michel le Suisse qui font la route depuis plusieurs mois. Ils nous emmènent au cinéma pour voir « L’amour l’après-midi » d’Éric Rohmer, un bon film qui nous replonge dans la vie parisienne.

 

Dimanche 10 juillet : une journée en Taxi-brousse

Nous rangeons notre fourbi et Michel nous invite à partager son porridge à la banane. Une Mama prépare une viande en sauce à l’intérieur de sa case. La fumée noircit le toit en paille mais le protège aussi.
Nous montons dans le taxi-brousse pour Maroua à 490 kms vers le Nord. Je le baptiserai « cardan boiteux ». Nous sommes entassés et nous avons chaud, la journée est longue et fatigante. Il y a les arrêts « prière » : chaque musulman part avec sa bouilloire et son tapis. Nous en profitons pour déjeuner.

Vers 17h le paysage devient fantastique : une lande avec des herbes roses, des groupes de maisons et des collines de rochers. Malheureusement la lumière baisse et le car file à 60km/h ce qui n’est pas propice pour les photographies.
Ah ! Si nous étions en mobylette, quel dommage que cette région nous file entre les doigts…Nous arrivons vers 21h à MAROUA. Un étudiant Camerounais qui revient d’Allemagne nous guide et nous trouvons un hôtel à 700 CFA, ce qui est dans notre budget. Evidemment c’est à côté d’un dancing en pleine activité !

Lundi 11 juillet:

  C’est le grand marché qui regroupe les populations de toute la région. On y trouve de tout : des vêtements, du tissu, des pagnes, des nattes, des chapeaux. Il y a les forgerons, ceux qui vendent des pièces de ferrailles, il y a aussi de grosses poteries en terre rouge. Quelques artisans exposent leur production : tissages, petits objets en cuivre, sacs en peaux.



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  J’achète une pipe pour compléter ma collection et Monique un portefeuille en peau d’autruche.
  Nous cherchons quelqu’un de l’agence de tourisme « NORCAMTOUR »: ils sont tous en congé. Le tourisme, c’est pendant la saison touristique (de novembre à juin) et voilà ! Nous échouons à l’hôtel « Relais de la porte MAYO », genre campement, histoire de se réconforter un peu avec de la cuisine européenne. L’après-midi est consacrée à la recherche d’un loueur de voiture. Ce sera un circuit dans la région des KIRDIS, une ethnie non musulmane.

Mardi 12 juillet : visite touristique du Nord Cameroun

  Le chauffeur passe prendre nos affaires à l’hôtel. Nous pensons partir pour 2 ou 3 jours mais nous serons de retour le soir même. Le conducteur peu loquace roule à 80 km/h. Le paysage tourmenté au début devient plat : une savane sèche. Des rapaces s’envolent devant la voiture.

carte haut Cameroun


Le parc national  de WAZA: Après quelques tours et détours nous trouvons un guide et des tickets : 1500 CFA l’entrée. Nous serons très déçus : 2 girafes, un phacochère, quelques antilopes et gazelles, cob de roseaux, grues couronnées par dizaines, kalaos, pintades.

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femme Foulbé

   Ce n’est pas la saison touristique nous fait remarquer le guide : on commence à s’en rendre compte…De toute façon notre chauffeur avec sa super TOYOTA toute neuve refuse de continuer sur la piste à peine marécageuse. Nous retournons à MORA. Déjeuner : un plat de nouilles non salées, non beurrées bien pâteuses. Le petit marché nous montre la pauvreté des gens. Les femmes ont un anneau dans le nez et des coiffures toutes identiques : de fines tresses ramenées en avant encadrant le visage. Nous continuons vers OUDJILA mais un ruisseau coupe le chemin. Un land Rover est en panne sur le gué. Nous rebroussons chemin et prenons la route vers MOKOLO.

   Ce pays montagneux est vraiment magnifique (enfin). Des groupes de cases avec des toits de chaume pointus ceinturent un petit domaine. Une entrée en pierres et cela donne un petit château fort. Des centaines de cases sont éparpillées sur ce sol rocailleux, irrésistiblement cela fait penser au pays DOGON du MALI.

cases region Kapsikis
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Puis c’est le pays des KAPSIKIS, de gigantesques pitons volcaniques dans une région assez désolée. Nous rentrons à MAROUA le soir même.

 
Mercredi 13 juillet:

Nous restons à MAROUA et visitons la coopérative de tissage : un papa tisse à l’ancienne comme au MALI, mais avec un métier plus large.
Au marché de MESKINE les charognards sont aux premières loges, à proximité de la boucherie.
     Il y a l’entrepôt des tanneurs où les peaux sont préparées (les pattes sont coupées et mises en tas). Nous visitons également l’huilerie de coton et d’arachide « SODECOTON » avec une machine à fabriquer des bouteilles en plastique de dernière génération.
 Le soir c’est la douche à la
camerounaise avec une bouilloire.
Ngaoundere Yaounde Douala

Jeudi 14 juillet :  Mon carnet de voyage s’arrête là.

C’est le signe que quelque chose s’est cassé : la fatigue de la route sûrement.
Je n’ai plus de souvenirs précis mais quelques notes : Locations de mobylette, taxi- brousse, un sérieux mal au ventre suite à un repas « à sauce », la décision de rentrer « au pays ».

Nous prendrons le train NGAOUNDERE-YAOUNDE et le séjour à la polyclinique de YAOUNDE.

 

Jeudi 21 juillet:
  Dans une agence de voyages nous demandons à réserver un vol vers Paris. « Ah non, nous n’acceptons pas les chèques ! » dit l’employée. La douche glacée...
Nous nous regardons avec Monique : comment allons- nous faire ? Je fais remarquer à la personne que nous  sommes des coopérants. Cela change tout ! Avec un chéquier du ministère de la coopération, nous pouvons obtenir les précieux billets. Nous partons le jour même pour PARIS via DOUALA.
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