retour   De Brazzaville (Congo)  à Douala (Cameroun), 4300 kms par les moyens du bord.      

Carnet de voyage de Christian Auvinet

Première partie : La SANGHA           Les voyageurs: Christian Auvinet, Monique Mathé, Christiane et Richard Pourret.

Pour clore l’année scolaire, nous  décidons de partir une semaine dans le nord du Congo. Notre projet est de remonter le fleuve SANGHA afin d’approcher les Pygmées et aller dans un chantier d’abattage en forêt primaire.

Les  prix sont en francs CFA, la monnaie africaine datant de la colonisation   1 Franc CFA = 0.02 Franc français


carte Congo région Ouesso

Jeudi 23 juin 1977 8h 35

     Un avion Focker 27 de LINA-CONGO  nous emmène vers  OUESSO au nord du Congo. Christiane  remarque que l’hôtesse est japonaise ! Quelques minutes avant l’atterrissage nous découvrons un fleuve ocre qui serpente dans une forêt très dense : c’est  La SANGHA, affluent du fleuve Congo. On aperçoit quelques cases, des  pêcheurs sans doute. A l’arrivée à OUESSO, on nous confisque nos cartes d’identité que nous devrons récupérer le lendemain à la sécurité d’état. Bonne surprise : Fréderic Gallo, un instituteur recommandé par un ami, nous attend à la descente de l’avion.
    Nous apercevons des blancs à l’allure de forestiers ; Richard va se renseigner. Douche glaciale : Les scieries n’ont plus l’autorisation de recevoir des  étrangers, il y a eu des abus (vols, pillages, touristes inconscients) et nous devons reprendre l’avion qui est encore sur la piste. Nous nous regardons un peu interloqués.  J’interroge Fréderic : il ne semble pas du même avis que le forestier. Avec Monique nous décidons de rester un peu,  pour voir. Richard et Christiane hésitent. Richard va relancer un forestier. Toujours aussi catégorique : Il n’y a rien à voir ici, rien à manger, pas de logement. Ce qui est parfaitement faux comme nous le constaterons le soir même.

   Richard et Christiane se rendent à l’avis de rester, du moins jusqu’à l’avion du samedi. Fréderic nous conduit à un hôtel : case propre relativement neuve tenue par des mamas bien en chair. Briefing autour d’une PRIMUS (bière locale).
Il nous propose de l’accompagner jusqu’à LIOUESSO à 80 kms au sud. D’autre part, il connaît des piroguiers qui pourraient nous emmener dans le nord. Le moral remonte…

   L’après-midi sera consacré à la promenade dans OUESSO. C’est une petite ville provinciale avec des rues bien marquées, de petites haies devant chaque maison, l’ensemble étant assez chatoyant. Nous trouvons un piroguier qui accepte de nous emmener 2 jours à KABO à 40 kms au nord pour 7500 CFA (9€ 2016)

Vendredi 24 juin

    Petit déjeuner : la sempiternelle boîte de « Nescafé » et de « Nescao » avec du lait concentré. Il fait un temps gris avec une pluie fine ; un orage passe rapidement mais cela va nous retarder. Vers 7h 45 nous partons avec nos gros sacs et nos K-way. Nous traversons OUESSO à pied sous le regard amusé des villageois. Au dépôt d’essence, lieu de rendez-vous avec Mermoz (notre piroguier) nous attendons un bon moment, la pluie continue, et il fait froid. Nous sortons nos pulls. Enfin Mermoz arrive ! Notre embarquement se fait sans mal : les bagages à l’avant, quelqu’un assis sur les nourrices d’essence au milieu de la pirogue. Elle est assez grande et mesure bien 80 cm de large.
   L’atmosphère est peu tendue au départ, surtout que le pompiste nous a dit que les pirogues se retournaient souvent avec les coups de vent….. Les premières lieues de pirogue calment nos nerfs et nous nous enhardissons à sortir nos appareils photos. Quelques allées et venues entre l’avant et nos sièges improvisés nous prouvent que la pirogue ne manque pas d’une certaine stabilité. Nous longeons les berges (le courant est moins fort sur les bords). De petites cases en bambous surgissent sur le rivage. Par ailleurs la berge est couverte de verdure et de grands fromagers lancent bien haut leurs troncs dans le ciel. La pluie a cessé, et l’eau est bien plate. Le moteur (un hors-bord de 100 CV) a des ratés. Regards inquiets des passagers; mais Mermoz reste impassible, ce qui en l’occasion est rassurant. Pour le déjeuner (enfin), nous nous arrêtons à côté d’une case où 2 chasseurs palabrent. Au menu : sardines, rôti, camembert, noix et abricots secs.

   Malgré les toussotements du moteur, l’entrain est revenu et chacun s’occupe : changement de pellicule, sieste, Christiane est restée sur sa nourrice, je suis assis sur le capot du moteur, Monique au fond et Richard sur le bord. Vers 18 h nous atteignons KABO. Le chef de chantier Mr Saur nous reçoit courtoisement mais sans chaleur. Il nous offre un copieux repas et une case en bois verni digne d’un trois étoiles. L’exploitation est gérée pour le compte d’une entreprise bretonne.

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Samedi 25 juin

     Nous nous levons frais et dispos. Une douche chaude, le petit déjeuner et Hop ! En route pour le chantier : 50 kms de piste  taillée à vif dans la grande forêt équatoriale. De grands arbres droits et fiers, avec à 15 m de haut une canopée dense. A l’approche du chantier, des ornières boueuses rendent la piste difficile. Nous nous arrêtons dans une clairière : C’est le chargement des billes (20m de long) sur d’énormes grumiers à l’aide d’une pente comme les égyptiens ! Un bull (bulldozer) pousse la bille le long de la pente  et elle roule jusqu’à sa place dans une remorque. 


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   La sortie du camion est laborieuse : Il faut un scrapeur qui tire à l’avant et un bull qui pousse à l’arrière. Ensuite nous allons voir l’abattage proprement dit. Un prospecteur repère les arbres intéressants (grosseur, rectitude, essence recherchée..) ; l’abatteur arrive (un Pygmée porte son matériel) et entame le tronc à la base  avec sa tronçonneuse. Il enlève un quartier du côté où l’arbre doit tomber et attaque de l’autre côté. Environ ¼ h de travail pour un arbre de 1m 20 de diamètre. Le fût quitte imperceptiblement sa position verticale -sans bruit- et c’est un craquement épouvantable, un cri de détresse lancé aux autres frères de la forêt, le magnifique tronc s’abat dans les fourrés dans un froissement terrifiant

    Alors l’équipe des ouvriers s’affaire : l’abatteur découpe la grume en 2 billes en général, sectionne les grosses branches. Le métreur mesure la bille et  note sur un carnet sa longueur et son essence (Sipo, Sapelli, Wangé…) et la numérote (des chiffres en relief sur un cylindre que le métreur frappe avec un marteau.

    Ensuite nous allons voir le débardage : pour les arbres abattus en pleine forêt, un gros bull trace une piste à la force de ses chenilles. Il laisse derrière lui une  trouée de 3 m de large accidentée, couverte de branchages, d’arbuste, de racines. L’arbre abattu est attaché avec un gros câble à un treuil énorme derrière le bull ; il laisse dans la terre fraîche une trace lisse et bien dessinée. Tous les troncs sont rassemblés dans une « clairière » où les grumiers viendront les chercher.
Comme le chantier est boueux, plusieurs pistes sont tracées que les forestiers exploitent suivant leur état. Un ouvrier se fait houspiller parce qu’il grille son maïs au lieu d’aller chercher du gas-oil pour les bulls. Pour le retour, nous commençons par pousser le pick-up 4x4 mais c’est l’enlisement. Un bull viendra nous dégager.
On peut se poser la question sur cette méthode d’abattage qui consiste à sélectionner les meilleurs arbres en laissant aux générations futures une forêt difficilement exploitable d’un point de vue économique.

    A KABO nous déjeunons copieusement avec le chef de chantier et des forestiers d’un chantier voisin au Cameroun. Mr Saur, notre hôte nous montre son fusil (un Mauser de bonne taille) avec lequel il a tué un gorille. Il va chercher sa patte qu’il a conservée au réfrigérateur. Quelque chose d’énorme, de monstrueux : 18 cm de large !
Le retour vers OUESSO se fait rapidement et nous arrivons à la nuit.


Dimanche 26 juin
 : Lever vers 7h 30

    Après le déjeuner nous allons avec Fréderic voir un de ses amis Adolphe afin d’organiser le voyage vers LIOUESSO. Le marché est conclu à 18000 CFA  (22 € 2016) Aller et retour. Après quelques heures d’attente, c’est le départ.

Tout vibre dans cette Jeep russe de 1939, la portière s’ouvre dans les virages, il faut faire le plein d’huile tous les 30 kms, Le réservoir est un bidon de 50 L placé à côté du passager avant et relié directement au carburateur. Une panne : Alex, le conducteur bricole le Delco avec du fil électrique. Des oiseaux multicolores tournoient dans le ciel ; tout en conduisant, Alex sort son fusil  et le donne à un gars : un coup de feu claque et un grand oiseau tombe dans la savane. Nous nous arrêtons et, en nous frayant un chemin dans la brousse à l’aide d’une machette, nous allons le chercher.

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   L’oiseau est magnifique avec ses ailes aux couleurs profondes. Le véhicule vibre de toutes ses tôles.  Et enfin, vers 15 h, c’est l’arrivée. Les villageois se ruent autour de nous et de la voiture. Nous nous restaurons un peu et nous mettons nos affaires dans les cases qui nous ont été attribuées (le sol en terre séchée bien sûr). La nôtre avec Monique a une pièce sur le devant avec des claires-voies. Nous nous promenons dans le village, une Mama fait une natte en raphia  avec des figures géométriques : Un travail tout en finesse et en nuances. Nous buvons du vin de palme et nous dînons à la lumière des lampes « tempête » (Il n’y a pas d’électricité). Au menu : Poulet à la sauce, omelette, bananes plantains. Puis c’est la veillée: Fréderic avec deux Papas - Dans le contexte africain le mot « papa » a un sens affectif exprimant l'idée d’une différence d'âge, mais aussi celle d'un certain respect- nous parle de la mentalité des villages, des Pygmées.

Il nous explique quelques « secrets » sur la circoncision dans sa région (les forêts). Pendant quelques jours, le patient est isolé dans une case. Le jour de la cérémonie les femmes, les enfants et les non-initiés sont enfermés dans une case à l’écart. Les hommes s’enduisent le visage et le corps de kaolin. Ce sont des danses, des ripailles. L’opération se déroule mais il faut que le patient ne bouge pas d’un cil ; les initiés le surveillent de près. S’il bouge ou gémit : il est abandonné ! Puis c’est la « nuit blanche » ; les initiés projettent du piment dans les yeux du patient afin qu’il ne s’endorme pas ; ils l’emmènent danser autour du feu, il doit manger et boire tout ce qu’on lui présente…

 

Lundi 27 juin Lever vers 6h  Chasse à LIOUSSO

    Nous trainons un peu pour le petit déjeuner jusqu’à à 7h 30. Aujourd’hui nous accompagnons les villageois à la chasse. Ils sont une douzaine vêtus d’un pagne sur les reins ; ils portent un filet sur chaque épaule et, soit une lance, soit une machette. Nous progressons dans la forêt pendant 2 kms. Arrêt dans une petite clairière pour un conciliabule ; ils se répartissent les rôles. Nous ne comprenons bien sûr rien à leur dialecte ; Fréderic nous traduit. Eux non plus ne comprennent pas le français, mais acceptent bien les cigarettes.

    Nous repartons et, après un moment, un chasseur attache le bout de son filet à un arbre et le dévide le long du chemin sur lequel nous progressons.  Le chasseur suivant attache son propre filet et ainsi de suite. Il y a cinq filets qui mesurent environ 200 m sur un sentier défriché en arc de cercle.

   Ensuite chaque chasseur revient sur ses pas et tend son filet en hauteur en cassant des Gongo, grande herbe typique de la forêt équatoriale avec leur tige de 1.5 m et leur feuille unique large et bien dessinée. Au sol le filet est fixé avec des bouts de tige fichés dans la terre. Bien tendu, le filet mesure 80 cm de haut.

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   Et c’est l’attente, les oreilles aux aguets. Nous entendons des aboiements lointains. Quelques minutes encore et un chien arrive en aboyant devant un petit animal : la gazelle naine s’empêtre dans le filet et un chasseur bondit et la maîtrise en se faisant taillader un doigt au passage par les petites cornes du pauvre  animal. Une antilope de forêt viendra se prendre aussi dans le filet. Pendant notre attente, nous nous faisons harceler par une nuée de moustiques. Pour s’en débarrasser, l’un fabrique un masque avec une feuille de Gongo, une autre agite une petite branche autour de la tête et moi je fume ma pipe. Mais ces sales bêtes reviennent aussitôt.

   Les chiens aboient, les chasseurs courent ; nous nous tournons vers Fréderic pour savoir ce qui se passe : un boa a tué un chien, un chasseur lui a tranché la tête !  En effet un peu à l’intérieur des taillis, un boa git inerte, la tête sectionnée. La gueule n’est pas énorme mais paraît-il le boa peut avaler un cabri, un mouton et nous a-t-on dit un veau ! Fréderic le mesure : 3.5 m de long et bien 10-12 cm de diamètre.

   Les chiens se sont dispersés, le gibier aussi. Les chasseurs démontent les filets et se regroupent dans une clairière, pour se reposer, croyons-nous.

   En fait, ils ramassent des feuilles mortes et les placent dans une grande feuille. Ce récipient improvisé est placé sur une tige pliée de manière à faire élastique. Deux chasseurs tournent autour d’un arbre en raclant l’écorce avec leur sagaie et en lançant des incantations à on ne sait qui.

Fréderic nous explique en riant un peu, que la chasse n’a pas été bonne et qu’i faut que les esprits de leurs ancêtres leur viennent en aide .Visiblement Fréderic ne croît pas trop à ce fétichisme. L’atmosphère est assez détendue. Tout à coup, l’un des chasseurs tranche le lien qui retenait le cerceau plein de feuilles est envoyé à toute vitesse en pleine forêt à la grande joie de tout le monde. Les chasseurs repartent.

   Fréderic nous montre l’arbre à caoutchouc (une sorte d’hévéa sauvage) ; lorsqu’on taillade le tronc, un liquide blanc assez fluide coule goutte à goutte : c’est du caoutchouc. En le malaxant ou en le faisant chauffer, on obtient une sorte de tissus fibreux élastique.

   Un enfant, pour confectionner un ballon, prend une vessie de gazelle ou d’antilope et la gonfle. Il s’enduit le ventre avec le caoutchouc laiteux qu’il étale jusqu’à former une pellicule. Il recouvre alors la vessie avec cette peau  et recommence jusqu’à obtenir le ballon de son choix ! 

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   Un chasseur nous montre de gros fruits rouges : il y avait un gorille juste avant que l’on arrive ; nous l’avons dérangé car les gorilles sont très friands de ces fruits-là.
   Les chasseurs attraperont encore une gazelle. Il est temps de rentrer. Au bout d’un moment tout le monde s’arrête dans une clairière afin de répartir le résultat de la chasse : Celui qui a attrapé la bête la garde, mais en donne  une partie (par exemple 2 cuissots pour la communauté). Ils dépècent les bêtes sur place, mais les pauvres chiens qui ont couru toute la journée n’auront le droit que de lécher les feuilles souillées de sang.

Nous rentrons vers 16 h 30 ce qui nous laisse un peu de temps pour aller nous laver dans la rivière.

 
Mardi 28 juin : Tourisme à LIOUESSO

   Après le petit déjeuner, Monique et moi partons à la rivière faire un peu de lessive. Avec des rochers en travers du ruisseau, cela ressemble bien à un lavoir ; et nous frappons notre linge avec une grosse pierre…Ensuite, nous écoutons des disques avec Fréderic et nous déjeunons : gibier en sauce.
   L’après-midi nous allons visiter l’école dont il est le directeur. A côté, un champ est cultivé par les enfants afin de payer les cahiers et les stylos. Fréderic nous instruit au repiquage du manioc : on coupe une branche, environ 30 cm de longueur, on la fiche en terre (inclinée) et on attend 6 mois, c’est tout. Ah il y a une difficulté : En la plantant, il faut diriger les bourgeons vers le haut ! Un palmier est abattu pour le vin de palme, il peut donner 6L par jour pendant 2 mois. Il suffit de placer une calebasse ou un bidon en plastique à la racine des feuilles.
Il est à remarquer que le palmier appartient à celui qui l’abat, comme les terres appartiennent à ceux qui les cultivent.

   Ensuite nous allons à la pêche. Nous empruntons une pirogue qu’il faut pousser dans les herbes car les eaux sont très basses. La voute de feuillage se referme au-dessus de nos têtes ; nous devons nous pencher pour passer sous des arbustes et des troncs abattus. Mais bientôt nous débouchons sur la rivière LENGOUE et cela va mieux. Pour aider Fréderic, je pagaie également, et je m’applique, mais soudain crac la pagaie s’est cassée en deux !
   Dans un enchevêtrement de troncs et de feuillage, où l’eau est calme, nous essayons de pêcher. Au bout d’un fil est accroché un plomb et un hameçon, que nous jetons dans un trou du feuillage. Mais ce n’est pas la bonne saison, seuls les enfants ramèneront un peu de friture.

 

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De retour à LIOUESSO nous allons dire bonjour à Pierre Kouanga  qui a été « boy » à BRAZZAVILLE (il a maintenant 85 ans). Fréderic a donné son nom à l’école !  C’est dommage que ses idées ne soient plus très claires parce qu’il doit avoir des tas de choses à raconter. De temps en temps des expressions typiquement françaises ressortent « Ben mon vieux… » Nous lui chipons des cabosses de cacao. Ce sont des fruits oblongs d’un jaune sale qui poussent sur un petit arbuste. Nous suçons ainsi les fèves au goût de chocolat amer. 

Mercredi 29 juin :  « La longue marche »

     Nous allons visiter un petit village à 12 kms au sud de LIOUESSO. Comme le terrain est relativement plat, la marche est facile ; nous sommes dans la forêt primaire avec de très grands arbres mais les bordures du chemin sont bien défrichées. Bien fatigués en arrivant au village, nous nous reposons un bon moment dans la « case à palabres ». Un vieux papa vient se faire photographier ; nous déjeunons. Le village est construit des deux côtés de la piste : un côté Bantou, un côté Pygmée.
Richard achète une arbalète de 70cm pour les oiseaux. Le Pygmée qui lui vend a les dents taillées en V (pour la « beauté » nous dit Fréderic). Nous allons voir l’alambic du village : un vieux tonneau rouillé dans lequel on chauffe un mélange de manioc et de maïs. Un couvercle bien hermétique bouche la partie supérieure percé d’un trou afin de laisser passer un tuyau qui se déroule dans un tonneau d’eau froide.  Et voilà ! C’est un alcool de très mauvaise qualité que les hommes consomment avec du vin de palme.

   Il est 15 heures ; il faut songer à partir. Sur le chemin du retour, nous apercevons des singes qui sautent dans les arbres ; Sur la piste, au loin une grande forme noire : un gorille ou un chimpanzé ?  Nous n’aurons pas le temps d’aller lui demander. Adolphe et Alex reviennent d’OUESSO, ils ont crevé 3 fois ! Fréderic nous raconte qu’une nuit, ils avaient crevé mais ils n’avaient pas de colle pour réparer. Alors à la lumière d’une torche électrique, ils sont partis dans la forêt pour chercher un arbre à caoutchouc.
   Avec un peu de liquide blanchâtre, ils ont réussi à réparer ! Nous grignotons quelques fruits secs (amandes, noisettes..) et nous nous préparons à partir de nuit car Adolphe veut rentrer rapidement (il est environ 19 h). Nous ramenons une femme dont l’enfant est malade (cela fait 8 adultes dans la petite jeep), plus les bagages bien sûr.

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50 m après le départ : panne d’essence : le tuyau d’alimentation joignant le réservoir au carburateur (Solex)  est débranché. Panique : si le réservoir s’est vidé nous ne pourrons plus rentrer ; et l’avion des « Pourret » est le lendemain).
Adolphe parle de compléter avec du pétrole, je crains le pire. Heureusement le réservoir est à moitié plein. Nous rentrons sans autre incident. C’est pleine lune et plusieurs villages sont en fête, les tams-tams résonnent, les villageois dansent.

 
Jeudi 30 juin:

   Les « Pourret » passent la journée à l’aéroport : L’avion prévu pour MAKOUA est parti pour POINTE NOIRE, celui d’OUESSO pour LIBREVILLE et le troisième est en panne ! Alors, quand celui de LIBREVILLE sera revenu de BRAZZAVILLE, il repartira pour OUESSO.
   En fait les 2 avions arrivent en même temps. Avec Monique nous nous renseignons sur les possibilités de monter sur la SANGHA. Nous avons de la chance : un bateau-pousseur  part le lendemain pour BELLA (extrême limite du CONGO). Il reste à faire viser notre passeport et notre feuille de route mais la sécurité d’état n’est pas là.
Pour la première fois nous dînons en tête à tête. Il faut se lever tôt (4h 30) pour aller faire viser nos papiers.

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